10.03.2023

FOCUS SUR LA COLLECTION – La journée internationale des droits des femmes vue par le MHAB-Musée d’Histoire et d’Art de Bormes

À l’occasion de la journée internationale des droits des femmes, le MHAB vous propose de découvrir de quelle manière les femmes sont représentées dans notre collection. Le 8 mars est une journée d’action, de sensibilisation et de mobilisation dédiée à la lutte pour les droits des femmes, l’égalité et la justice.
Au MHAB-Musée d’Histoire et d’Art de Bormes, les femmes font partie intégrante de la collection, qu’elles soient artistes ou muses. L’art est un moyen pour les femmes de se faire entendre, de s’affirmer et de véhiculer des messages d’égalité. Ainsi, le musée a souhaité mettre en avant ses artistes féminines ayant rayonnées au travers de leurs œuvres.

Côté artistes

Quand les femmes s’expriment

Roberta González
© Archives Julio González site officiel

Roberta González, l’identité féminine

Roberta González est une peintre française du 20e siècle. Née à Paris en 1909, elle baigne dès sa plus tendre enfance dans le milieu artistique : son père est lui-même sculpteur et peintre, proche de Picasso, appartenant au mouvement cubiste et surréaliste. La jeune peintre vit déjà de son art lorsqu’elle rencontre Hans Hartung, peintre aussi. Les toiles abstraites de Hans vont fortement influencer le style de Roberta. Ils se marient en 1939, avant d’être séparés à contrecœur lors de la  Seconde Guerre Mondiale.  

Essai d’approche, Roberta González, 1958 MHAB-Musée d’Histoire et d’Art de Bormes

Fortement marquée par la guerre, Roberta González se met à peindre notamment des figures féminines éclatées et déformées, témoignant d’une période violente et douloureuse. Ce n’est qu’après les années 50 qu’elle se tourne un peu plus vers la couleur et le symbolisme. Son œuvre est alors un mélange d’abstrait et de figuré, donnant naissance à des toiles dynamiques et remplies de messages. À travers ses toiles et au fil des années, Roberta González affirme son identité en tant qu’artiste mais aussi en tant que femme. Cet envol artistique se traduit souvent par la présence d’oiseaux mais aussi de corps féminins élégants et colorés.

Essai d’approche, 1958, a été restaurée en 2022 par le MHAB-Musée d’Histoire et d’Art de Bormes.

Marie Cazin et la fonction sociale des femmes

Marie Cazin est une peintre et sculptrice française de la fin du 19e siècle. Si au MHAB-Musée d’Histoire et d’Art de Bormes, il existe une collection autour de l’œuvre de Jean-Charles Cazin, son mari, aujourd’hui le musée vous fait découvrir le talent de Marie. Née en 1844, elle suit des études de dessins à Paris puis elle commence sa carrière en tant qu’artiste peintre avec des paysages, des animaux et des portraits. Ce n’est qu’à partir de 1882 qu’elle développe un attrait pour la sculpture ainsi qu’un intérêt pour le rôle des femmes dans leurs conditions les plus modestes.

Marie Cazin © Aware of Women Artists Research & Exhibisitions
Femme de pêcheur d’Équihen, Marie Cazin (date inconnue) Huile sur ciment, MHAB-Musée d’Histoire et d’Art de Bormes

Son œuvre est marquée par la fonction sociale des femmes. Elle réalise une série d’œuvre avec pour thèmes principaux le travail et figures féminines, exprimant à la fois ses engagements sociaux et sa vie privée. Elle fait partie d’un collectif de femmes artistes françaises présentées à l’Exposition universelle de 1893 à Chicago.


Côté muses

Quand les femmes sont source d’inspiration

La femme simple et élégante de Théo Van Rysselberghe

La Toilette, Théo Van Rysselberghe, 1915, MHAB-Musée d’Histoire et d’Art de Bormes
Tête de femme au chignon, Théo Van Rysselberghe, 1926, MHAB-Musée d’Histoire et d’Art de Bormes

Théo Van Rysselberghe (1862-1926) est un peintre belge ayant passé une grande partie de sa vie dans le sud de la France. Il s’inscrit dans un style néo-impressionniste, où il peint des personnages chaleureux, rendant ainsi ses toiles presque vivantes. Au début du 20e siècle, il réalise une série de tableaux avec pour seul sujet : les femmes. Certaines de ces toiles sont en réalité des nus féminins, doux et élégants, caractérisés cependant par l’absence d’érotisme. André Gide, époux de la fille de Théo Van Rysselberghe, qualifiera les tableaux de ce dernier de « nus hygiéniques ».

La Toilette, 1915 et Tête de femme au chignon, 1926 ont été restaurées en 2021 par le MHAB-Musée d’Histoire et d’Art de Bormes.

Portrait de Madame Laudauer, 1932

Huile sur toile par Julo Fehr.

Julo Fehr est un artiste suisse du 20e siècle. Il semblerait que pour la grande majorité de ses œuvres, les femmes furent son inspiration. Portrait de Madame Laudauer, 1932, a été restaurée en 2022.

Femme, art et Histoire avec Judith

Judith au camp de prières, Jean-Charles Cazin, MHAB-Musée d’Histoire et d’Art de Bormes

Cette toile, peinte aux alentours de 1883 par Jean-Charles Cazin, est une huile sur toile au symbole fort. Cazin est qualifié de « peintre d’Histoire » : une partie de son œuvre artistique représente des scènes bibliques ou du récit d’Homère, notamment une série d’œuvres autour de Judith. Cette toile est la plus ambitieuse du peintre. On peut y voir une femme, Judith, poings fermés et menton relevé, le regard fière, faire face aux hommes qui l’entourent. L’œuvre a été restaurée en 2020.

Dans l‘ancien testament, Judith est une femme très pieuse, jeune, jolie, veuve et juive. Elle empêche notamment  l’invasion babylonienne de sa ville, Béthulia. Prétextant fournir des informations sur les juifs, Judith, accompagnée de sa servante, se rend, au camp du général qui assiège la ville. Elle demeure avec eux 3 à 4 jours et demande à prier pour se donner du courage. Succombant à son charme, le général ennemi Holopherne accepte de la recevoir et l’invite à un festin, puis dans sa tente. Elle profite alors de son état d’ivresse pour le décapiter. Elle retourne alors en toute discrétion dans la ville où l’on brandi fièrement la tête du défunt, ce qui fait fuir les assaillants.

Archives MHAB-MMusée d’Art et d’Histoire de Bormes

L’art nous rappelle…

S’il permet à présent aux femmes de s’exprimer et de lutter pour l’égalité, l’art n’a pas toujours été un lieu de démonstration des droits et de la légitimité des femmes. Il a parfois été, au cours de certaines époques ou mouvements, le lieu des artistes hommes où l’on rejetait l’art féminin.

Académie de femme assise sur un félin

Cette sculpture en marbre de carrare appartient à l’École symboliste du début du 20e siècle, mais son auteur et sa datation exacte restent inconnus

Les œuvres symbolistes suggèrent des thèmes de prédilection comme la mélancolie, l’onirisme et bien entendu : les femmes. Néanmoins, si cette sculpture semble évoquer la force et la beauté à son spectateur, le symbolisme a toujours eu tendance à représenter les femmes comme simple objet, souvent nues, pour évoquer la luxure et parfois même l’hystérie. La femme est alors comparée à la nature que l’on peint et donc en opposition avec l’artiste, à cette époque, toujours masculin.