11.10.2023

Une nouvelle oeuvre de Jean Peské au MHAB

C’est avec un immense intérêt que la commune de Bormes les Mimosas a accepté le don, pour l’intégration dans son fonds Musée de France,  d’une œuvre de l’artiste Jean Peské (1870-1949), dans le cadre d’une proposition faite par l’association du Réseau Lalan.

Chapelle Saint François de Paul de Bormes les Mimosas, 1910, Eau forte sur papier, L.27cm x H 20.5cm, Jean PESKE (Golta 1870 – Le Mans 1949).

Cette acquisitions permet d’enrichir la collection « Musée de France » et par la même occasion de compléter la collection Jean Peské. En effet, le Musée détient déjà cinq œuvres dont un grand format de l’artiste « Le vieux chêne-liège et le berger et ses moutons dans la plaine de Bormes » (encre de Chine aquarellée sur papier datée de 1912 et offerte par l’artiste lui-même à la commune la même année). Trois autres œuvres ont été acquises en 2020 suite au don de la petite-fille de l’artiste, Mme Anne Marie Salin Bérenger le 28 juillet 2020  et une en 2022 en salle des ventes :

« La Chapelle Saint-François », dessin encré, vers 1910-1920.
« Vue de Bormes », huile sur toile, vers 1910-1920.
« Portrait du docteur Bérenguier », pastel, vers 1910-1920.
« Le vieux chêne-liège et le berger et ses moutons dans la plaine de Bormes » (encre de Chine aquarellée sur papier datée de 1912
«  Châtaignier dans un paysage », 1927, Technique mixte sur papier.

L’œuvre aujourd’hui proposée a en effet toute sa place dans notre Musée. Elle présente avant tout un intérêt artistique et patrimonial indéniable.

Jean Peské a en effet participé aux mouvements artistiques majeurs de la seconde moitié  du XIXème siècle et du début du XXème siècle : Impressionnisme, Pointillisme, Nabi,  Postimpressionnistes.

À partir de 1895, Jean Peské expose au Salon des Indépendants, au Salon d’Automne, au Salon des Tuileries, au Salon des Peintres Graveurs et par la suite dans les plus grandes galeries. Il accède à une grande notoriété entre les années 1920 et 1940. Son œuvre est remarquable et sa vie riche de rencontres artistiques comme celles de Henri de Toulouse Lautrec, Pissarro, Bonnard, Paul Signac.

Cette acquisition nous permettrait de faire le lien avec les œuvres de Théo Van Rysselberghe et Henri Edmond Cross, amis de Jean Peské venus séjourner dans la région pour peindre et dont les œuvres sont conservées dans notre Musée. Permettant d’enrichir notre collection, elle favoriserait par conséquent les prêts avec les  musées détenant des œuvres de l’artiste.

Jean Peské et Bormes

Le lien entre l’artiste et le village de Bormes est indéniable. C’est dans le Midi à partir de 1910, et particulièrement à Bormes, que le peintre a tenté d’apprivoiser la lumière.  Sa période borméenne est la plus colorée et la plus chaleureuse.   Après avoir résidé au village, il construit une petite maison sur la Pointe de Gouron à La Favière et partage sa vie entre Bormes et Paris durant une quinzaine d’années. Ses sujets favoris sont alors les arbres (comme le démontre l’œuvre en question qui met l’arbre au premier plan) sa passion depuis toujours, mais aussi les membres de sa famille et les paysages méditerranéens qui l’enchantent. Ce qu’illustre parfaitement également dans cette œuvre en représentant un élément emblématique du patrimoine Borméen, la chapelle St François. Les sujets représentés présentent un intérêt patrimonial certain. Toujours fidèle à lui-même et au paysage, les arbres et la nature ont une place certaine dans sa composition et forment un ensemble plein d’équilibre, où aucun élément ne l’emporte sur les autres. Ce choix de composition témoigne certainement du sentiment de plénitude que l’artiste retrouvait à Bormes les Mimosas. L’œuvre démontre la maîtrise des éléments par l’artiste qui excelle dans la représentation des arbres, son sujet de prédilection. Ce dessin n’est pas sans rappeler ceux que le musée possède déjà.

Jean Peské et la colonie russe de la Favière :

Jean Peské entretenait des liens avec les Russes de la Favière. La sœur de sa  femme qui se prénommait Appolinaria s’est installée à Bormes après que le couple Peské ait vendu leur maison de Bormes en 1924, et le couple y revenait épisodiquement pour lui rendre visite. Appolinaria fera venir ses amis et relations exilés après la Révolution d’octobre et sera à l’origine de la colonie russe de la Favière.

En 1926, Jean Peské participe avec Emmanuel-Charles Bénézit à la création du musée  de Bormes et crée le Musée d’Art Moderne de Collioure en 1934.

Un artiste et une œuvre à faire connaître

Avec cette acquisition, nous souhaitons aussi poursuivre les actions engagées dans les années 2000 grâce aux quatre grandes expositions qui ont eu lieu en Vendée, au Mans, à Collioure et enfin à Bormes les Mimosas à l’automne 2005 « Jean Peské à  Bormes », et ainsi faire connaître l’artiste et son œuvre à un plus large public.

Une conférence sur Jean Peské s’est aussi tenue au Musée le 12 octobre 2020 pour célébrer l’artiste et son œuvre avec, la présence de la donatrice, Mme Anne Marie Salin Bérenger. Cette conférence a été animée par Marie-Elisabeth Loiseau, chargée de projets culturels Conservation des Musées de Vendée.

Ses œuvres sont aujourd’hui exposées au Musée d’Art Moderne de Collioure, au Musée des Beaux-Arts de Rennes, au Petit Palais de Genève et certaines de ses gravures figurent dans la collection de la Chalcographie du Louvre.

Dans le nouveau parcours permanent qui a ouvert au public en octobre 2022, les œuvres représentant Bormes ont une place toute particulière, et nous sommes certains que cette œuvre y aura un rôle à jouer dans le discours qui présente l’émulation artistique qui s’est illustrée entre la fin du XIXe et le début du XXe siècle à Bormes les Mimosas. Comme l’a indiqué Lise Bicart-Sée auteur d’un doctorat de 3e cycle (Publication critique du journal de Jean Peské 1983), « Son art est à l’intersection de l’Impressionnisme, du   Nabisme et du Fauvisme. Ses portraits d’arbres et ses encres de Chine de la période borméenne restent inégalés ».

Cohérence avec la politique d’acquisition du musée.

Dans le Projet Scientifique et Culturel du musée terminé en juin 2021, le musée annonçait vouloir instaurer une veille d’acquisition raisonnée en définissant ses orientations. Son ambition étant de développer et conforter les atouts et les particularités de la collection . Trois orientations sont proposées : 

–         Développer le fonds Cazin et l’ensemble thématique dédié à l’art du paysage :

–         Equilibrer l’ensemble consacré à Bormes

–         Enrichir  les ensembles impressionnistes et postimpressionnistes

Comme on peut le voir l’œuvre de l’artiste répond amplement à deux de nos objectifs.

Une donation par l’association du Réseau Lalan

Au début des années 2000, l’association avait contribué au montage de l’exposition sur l’artiste au Musée de Bormes. Puis en 2022, elle s’était vu offrir l’œuvre en question par le petit-fils de l’artiste. Souhaitant l’offrir son tour au MHAB pour qu’elle puisse être exposée, elle en a fait la proposition à la commune

De gauche à droite, Laury MOUROSQUE, Responsable du MHAB, Cathy Casellato, Elue à la culture, Raphaël Dupouy, Membre du Réseau Lalan

Pour toutes les raisons énoncées précédemment, cette œuvre a toute sa place au MHAB – Musée d’Histoire et d’Art de Bormes.

Nous souhaitons, avec cette acquisition exceptionnelle, rendre hommage à cet artiste talentueux et contribuer ainsi à l’accomplissement de son souhait le plus cher qu’il écrivait dans ses mémoires : « Je voudrais bien voir un jour mes travaux réussir à émouvoir le plus intensément possible le spectateur. La noblesse  de la ligne et de la composition, l’harmonie et la puissance de la lumière, voilà mes ambitions ».