Henri-Edmond Cross, de son vrai nom Henri-Edmond Delacroix, est né en 1856 dans le Nord de la France, où sa famille tient une quincaillerie. Dès l’âge de dix ans, un cousin, le Dr Soins, perçoit en lui des dons artistiques et lui fait prendre des cours de dessin à Lille.
À 25 ans, il expose pour la première fois au salon de 1881, sous le nom d’Henri Cross pour éviter toute confusion avec Eugène Delacroix. Son nom d’artiste devient en 1886 Henri-Edmond Cross. Cross n’adhère pas immédiatement au divisionnisme. D’abord naturaliste, il consacre ses premières œuvres à la description des jardins de l’Observatoire et du Luxembourg. Partageant d’abord les mêmes vues en esthétique picturale que Seurat, Signac, Angrand ou Maximilien Luce et Théo Van Rysselberghe, la grande mutation de son style va s’opérer en 1891. Au moment où disparaît Georges Seurat, H.E.Cross se consacre au divisionnisme. Il rompt ainsi avec une esthétique qu’il pratique depuis dix ans pour adopter avec enthousiasme celle du groupe qui anime le Salon des Indépendants.
Cross réussit à exprimer une libération romantique du paysage. Dès lors son style si particulier commence à connaître la notoriété, les expositions se suivent : en 1896 au Salon de l’art nouveau, et en 1899 à la Galerie Durand-Ruel.
On sent poindre dans ses œuvres du début du XXème siècle le germe d’une nouvelle harmonie chromatique qui fera écho par la suite avec Matisse dans « Luxe, calme et volupté » et préfigurera ainsi la doctrine de la nouvelle peinture abstraite.
H.E. Cross contribue avec les néo-impressionnistes à un bouleversement historique qui remettra en question, par la suite, toutes les théories de la peinture. Au crépuscule d’une vie trop brève, Cross visite encore une fois la Toscane avant de regagner le Lavandou où il compose ses dernières œuvres. En 1891, sur les conseils de Paul Signac qui lui avait vanté la région du Var, il s’installe dans « sa demeure perdue » située à Cabasson entre les eucalyptus et les mimosas. Cross peint alors ses premiers paysages néo-impressionnistes qui subliment les couleurs de Bormes, du Cap Nègre, d’Antibes… Nombreux sont les peintres qui se déplacent pour rendre visite à l’ermite en son domaine : Théo Van Rysselberghe, Henri Matisse, Henri Manguin, Maurice Denis…